Burn-out signifie « se brûler » en anglais. Lorsqu’une personne est atteinte de burn-out, d’épuisement généralisé ou de surmenage, elle est quasi systématiquement atteinte de troubles du sommeil sérieux et chroniques. La médecine prescrit alors le repos forcé. Pourtant, des mois à des années après, les symptômes sont toujours présents avec cette impression que quelque chose s’est cassé depuis. Le sommeil perdu suite à l’épuisement n’est toujours pas revenu malgré le repos. En effet, l'épuisement et les troubles du sommeil ne résident pas que dans la tête car le corps a été complètement bouleversé.
BURN-OUT : UN BOULEVERSEMENT PSYCHOLOGIQUE ET AUSSI PHYSIOLOGIQUE
Le burn-out part très souvent du cerveau mais c’est tout le corps qui est impacté à la fin du processus. Il y a donc tout un bouleversement physiologique installé qui amène sans surprise à des troubles du sommeil chroniques et parfois sévères. Comment s’installe cet épuisement du corps généralisé ?
Lorsque nous faisons face à un stress (physique ou psychologique), le corps déclenche ce que l’on appelle le circuit de la réactivité qui consiste à mobiliser tout notre organisme pour faire face à ce stress. De là, découle toute une cascade de réponses nerveuses et hormonales. Le système nerveux sympathique, responsable de l’action, va stimuler notre cerveau et ordonner la production de neurotransmetteurs spécifiques :
- le cortisol, aussi appelé hormone du stress, qui va nous apporter de l’énergie, favoriser l’éveil, permettre le stockage du glucose en glycogène, stimuler le système immunitaire et avoir une action anti-inflammatoire ;
- les catécholamines (dopamine, adrénaline, noradrénaline) qui vont aussi avoir une action éveillante, accélérer le rythme cardiaque, nous apporter de la motivation et de la concentration.
Normalement, le stress ne devrait pas être chronique, et le circuit de la réactivité laisse place normalement au circuit de la récupération. L’organisme active alors le système nerveux parasympathique, responsable de la détente et de la régénération, qui va alors ralentir la fonction cérébrale et ordonner la production d’autres neurotransmetteurs spécifiques :
- la sérotonine, aussi appelée hormone du bonheur, qui va agir comme un antidépresseur naturel et un stabilisateur de notre humeur, elle va neutraliser les excès de la dopamine.
- les GABA qui vont agir comme des sédatifs naturels, neutraliser les excès de cortisol et d’adrénaline, diminuer la tonicité musculaire et le rythme cardiaque, et permettre le repos aussi bien physique que mental.
TROUBLES DU SOMMEIL : LA CONSÉQUENCE D’UN DÉSÉQUILIBRE PHYSIOLOGIQUE
Dans un rythme normal veille-sommeil, ces circuits sont équilibrés. La libération du cortisol et des catécholamines a lieu en début de journée pour laisser place à la production de GABA et de la mélatonine le soir. On sait que ces derniers jouent un rôle important dans le contrôle de l’anxiété, la relaxation et l’aide à l’endormissement. Mais lorsque le stress est chronique, il y a une suractivation du circuit de la réactivité donc une suractivation nerveuse, une sur-sollicitation des glandes surrénales qui sont responsables de la production d’hormones dans le corps (aldostérones, oestrogènes, androgènes, cortisol, catécholamines etc.) et donc une suractivation hormonale. Cela se traduit par différents symptômes tels que les palpitations, les oppressions, les tensions musculaires, l’anxiété mais aussi les troubles du sommeil ! Le corps est en hypervigilance et la pression d’éveil est toujours haute, ce qui nous empêche de basculer dans le sommeil. Le mode parasympathique (récupération) n’est plus en mesure de freiner le mode sympathique (action) : le système nerveux devient sensible et s’active démesurément face au moindre stress.
Avant d’arriver au burn-out, l’organisme passe par plusieurs étapes :
- la résistance de l’organisme face au stress chronique : lorsque l’organisme est surchargé par le stress, il fait face en mobilisant fortement les glandes surrénales et la production d’hormone de stress, en diminuant l’activité des autres fonctions du corps qu’il juge moins essentielles, et en sollicitant fortement le système nerveux. Cela va malheureusement avoir pour conséquence d’affaiblir le circuit de la récupération et la production du GABA et de la sérotonine. Les troubles du sommeil apparaissent.
- l’affaiblissement des surrénales : à force de tourner à plein régime, les glandes surrénales s’épuisent avec l’effondrement de la production de cortisol et de catécholamine. Le système nerveux parasympathique s’atrophie avec la suractivation du sympathique. La tension dans le corps est permanente et le système nerveux ne récupère plus. Plus cet état perdure, plus la récupération qui suivra sera longue.
- l’épuisement généralisé : après les glandes surrénales, c’est tout le corps qui s’épuise et qui s’écroule. Le système endocrinien n’arrive plus à faire face, le système nerveux est en crise. Les troubles du sommeil sont sérieux, la personne entre en dépression, son anxiété est intense, ses fonctions cognitives sont altérées, l’inflammation devient constante car le cortisol n’agit plus, son microbiote est fortement perturbé (dysbiose), son système immunitaire s’effondre et les infections deviennent chroniques.
La personne victime de burn-out est très souvent sujette à des insomnies sévères qui déclenchent un cercle vicieux. Un mauvais sommeil se traduit par un manque d’activité physique, de volonté, de joie et des troubles du comportement alimentaire avec une envie compulsive de sucre. En effet, les insomnies provoquent l’élévation du niveau de ghréline (hormone qui déclenche la faim) et une diminution de leptine (hormone de la satiété). Nous allons donc voir en deuxième partie de magazine comment se remettre d’un burn-out pour retrouver le sommeil.
Cet article a été rédigé par Estelle Sovanna et il est issu du magazine Régénère n°13 "Améliorez votre sommeil".