LES GRANDS PRINCIPES DE LA DÉTOXIFICATION
La détox est un mot très à la mode actuellement. Pour autant, est-il bien défini et surtout bien compris ? Très décriée par certains scientifiques de la branche matérialiste et zététique qui considèrent que la détox c’est de l’intox, elle est au contraire au cœur de la philosophie hygiéniste, de la naturopathie et de la médecine de terrain plus généralement. Ainsi, pour aider le corps à rétablir ses paramètres de santé, de nombreux outils sont proposés pour augmenter les capacités de détoxification du corps. Focus sur les grands principes de la détox.
« ON NE DÉTOXIFIE PAS LE CORPS »
Edzard Ernst, professeur à l’Université d’Exeter, a passé une grande partie de sa carrière à dénoncer les pratiques de soins non conventionnelles. Il considère à ce propos que la détox ça n’existe pas : « Le mot détox est détourné par des entrepreneurs et des charlatans pour vendre un faux traitement qui soi-disant détoxifie votre corps des toxines que vous êtes censé avoir accumulées. Si les toxines s’accumulaient d’une manière que votre corps ne pouvait pas excréter, vous seriez probablement mort ou auriez besoin d’une intervention médicale sérieuse. Le corps sain a des reins, un foie, une peau et même des poumons qui se détoxifient au moment où nous parlons. Il n’existe aucun moyen connu – certainement pas par le biais de traitements de désintoxication – de faire en sorte que quelque chose qui fonctionne parfaitement bien dans un corps sain fonctionne mieux ».
Voici un sophisme auquel nous allons être immédiatement confrontés quand nous aborderons ce sujet de la détoxification. Comme tout sophisme, il s’appuie sur des éléments réels :
- un corps sain et en bonne santé se détoxifie très bien, donc il n’est pas nécessaire d’améliorer une fonction qui est efficace ;
- la détoxification a lieu en permanence dans notre corps, de façon inconsciente et automatique, donc ne demande pas notre intervention pour pouvoir advenir.
Pour autant, qui peut prétendre avoir un organisme en parfaite santé avec un système de détoxification optimal ? Si la détoxification a lieu de façon inconsciente et automatique, n’y a-t-il pas des conditions particulières qui vont favoriser son efficacité ? Pour faire un parallèle, la digestion est un autre exemple de processus inconscient et automatique qui ne demande pas notre intervention. Mais si vous mangez en étant stressé(e) ou en pratiquant une activité physique, alors la digestion ne se fait pas de manière adéquate. À l’identique, les personnes épuisées ne produisent pas assez d’enzymes digestives, donc leur digestion ne sera pas optimale. Ainsi, la connaissance de la loi de dérivation de l’énergie vitale (voir plus bas), des compatibilités alimentaires, ou encore de l’utilisation de plantes apéritives favorisant la production de sucs gastriques vont aider à optimiser la digestion. Il y a donc bien des moyens et des conditions pour faciliter, soutenir et aider aussi bien la digestion que la détoxification, sans avoir recours à une intervention médicale comme le suggère Ernst. Certes, on ne détoxifie pas notre organisme, il le fait par lui-même, mais on peut lui donner les conditions les plus favorables pour qu’il puisse mener cette tâche efficacement. Par ailleurs, il convient de souligner que plus nous apportons des sources de pollution externes à notre organisme, plus il s’encrasse, plus les organes d’élimination s’affaiblissent et plus les fonctions de détoxification perdent en efficacité. La grande majorité d’entre nous avons donc besoin d’améliorer la fonction de détoxification et d’aider le travail des émonctoires. Ainsi, l’intérêt à peine voilé d’un système médical axé uniquement sur le traitement des symptômes et la prise en charge totale du patient passif est de nous laisser croire que nous n’avons aucune prise sur ce phénomène.
DÉTOXIFICATION N’EST PAS ÉLIMINATION
Très souvent utilisée dans les médias, la signification de la détoxification est souvent confondue avec celle de l’élimination. Pourtant, ce sont deux phénomènes différents qu’il est nécessaire de distinguer. Notez qu’il n’y a pas de consensus concernant l’utilisation des termes « détoxification », « détoxication » ou encore « détoxination ». Ainsi dans ce magazine, nous utiliserons le terme détoxication pour évoquer ce qui à trait aux toxiques, le terme détoxination pour ce qui à trait aux toxines et le terme détoxification qui comprend à la fois les toxines et les toxiques.
La détoxification est un processus par lequel un organisme excrète les toxines et les substances toxiques des cellules et des tissus, mais aussi inactive ou diminue leur toxicité. On peut ainsi résumer la détoxification à deux actions :
- la remise en circulation les déchets stockées dans l’organisme (notamment dans les tissus adipeux), ce qui facilite ensuite leur élimination,
- la réduction de l’activité pharmacologique ou toxicologique de ces dernières, principalement grâce à l’action d’enzymes, d’antioxydants ou de vitamines.
On distingue aussi deux types de substances à évacuer, selon qu’elles sont :
- naturelles : les sous-produits de l’activité de l’organisme (radicaux libres, acides organiques, etc.),
- de synthèse : ni produites par l’organisme, ni apportées par une alimentation physiologique naturelle. On les appelle aussi xénobiotiques (médicaments, pesticides, etc.).
On sait que la majorité de la détoxification se produit dans le foie car l’un des acteurs importants de ce processus est le glutathion, un antioxydant puissant présent dans toutes les cellules du corps mais dont la concentration est de 7 à 10 fois supérieure dans les cellules hépatiques. Avec l’aide d’une autre famille d’enzymes (les glutathion-S-transférases), le glutathion peut s’implanter dans des toxines et toxiques pour les signaler comme dangereuses.
L’élimination se caractérise par le passage des déchets du milieu intérieur vers le milieu extérieur grâce aux organes éliminatoires que l’on appelle aussi émonctoires. L’élimination est donc l’étape qui suit la détoxification. Ce faisant, l’élimination n’est possible que parce que la détoxification a diminué préalablement la toxicité des produits à éliminer, faute de quoi les émonctoires seraient érodés par les substances toxiques. Pour se faire, le corps dispose de cinq émonctoires principaux : le côlon, les reins, la peau, les poumons et le foie.
MILIEU INTÉRIEUR ET MILIEU EXTÉRIEUR
Dans ses cours, Thierry rappelle toujours la différence entre le milieu intérieur et le milieu extérieur. Le milieu intérieur, qu’on peut résumer au fameux terrain, comprend les cellules et tous les fluides du corps qui les entourent, à savoir le sang, la lymphe et les autres liquides interstitiels. Par opposition, le milieu extérieur est tout ce qui n’est pas le milieu intérieur. Question : si j’avale une fraise, où se situe celle-ci ? Dans le milieu intérieur ou extérieur ? Dans les premières minutes, la réponse est le milieu extérieur car lorsque l’aliment passe par le tractus gastro-intestinal (qui va de la bouche à l’anus), il n’est pas encore en contact avec les cellules et les fluides corporels. Mais si on attend quelques heures, la fraise va être décomposée et les nutriments qui la composent vont passer à travers la barrière intestinale pour rejoindre cette fois-ci le milieu intérieur.
LA CRISE D’ÉLIMINATION (CRISE DE GUÉRISON)
Faire la différence entre détoxification et élimination permet de comprendre la crise d’élimination. En effet, l’apparition de symptômes au cours de cures de nettoyage est issue du décalage entre ces deux processus. Ainsi, si la détoxification est plus importante que l’élimination, les émonctoires vont être saturés et les fluides vont être surchargés. Cette situation se traduit par des symptômes aigus tels que des courbatures, des douleurs articulaires, des maux de tête, des vertiges, de la nausée, de la fièvre, de la sudation, des éruptions cutanées, des odeurs corporelles, de la diarrhée, de la toux, de la fatigue, ou encore de la nervosité. Cette crise va se traduire différemment selon les personnes avec des symptômes touchant notamment les émonctoires les plus faibles. C’est pourquoi il est primordial de s’assurer qu’ils fonctionnent bien avant de se lancer dans une grosse cure détox ou un jeûne long, au risque (dans les cas les plus graves) de s’auto-intoxiquer. Nous recommandons donc d’y aller par paliers en faisant des petites cures au début et en les allongeant par la suite. Ainsi, l’apparition d’une grosse crise d’élimination lors d’une détox n’est pas systématique si les émonctoires fonctionnent bien et si le processus de détoxification n’est pas trop fort. Toutefois, des petites crises d’élimination sont souvent inévitables dans un processus de nettoyage. Elles sont suivies d’une amélioration des troubles et d’un bien-être général, c’est pourquoi on les appelle aussi « crises de guérison ». Il ne faut donc pas chercher à tout prix à les éviter car elles sont le signe que le corps se guérit. La fièvre, par exemple, est certes un symptôme mais c’est avant tout un mécanisme de guérison propre au corps. Si vous vous engagez dans une detox, vous allez forcément traverser un moment d’inconfort, c’est donc à vous de placer le curseur en connaissance de cause et dans les limites de la sagesse : il faut que les symptômes restent supportables, ne vous mettez pas en danger. Par contre, si les symptômes sont chroniques et ne sont pas suivis d’amélioration, alors ce n’est pas une crise d’élimination. Pour plus de détails, nous vous renvoyons vers l’article Comprendre et gérer la crise de nettoyage, publié dans le magazine n° 7.
LA LOI DE DÉRIVATION DE L’ÉNERGIE VITALE
En naturopathie, l’énergie présente à un instant donné, dans l’organisme d’un individu, se nomme énergie vitale. Cette énergie est un préalable nécessaire pour la détoxification et l’élimination, car si le corps dispose d’une faible réserve, alors celui-ci ne pourra pas se nettoyer et ne pourra pas exprimer de symptômes d’élimination. La personne qui est donc dans l’incapacité d’exprimer des maladies aiguës – qui sont en réalité des crises d’élimination, de guérison – va à terme développer des maladies chroniques de plus en plus en plus profondes ou alors déplacer l’expression du déséquilibre au travers de troubles psycho-émotionnels sérieux (dépression, démence etc.). Cette énergie est répartie par l’organisme entre différentes fonctions selon un ordre de priorités. La digestion et l’activité cérébrale/émotionnelle sont les premières et plus grosses dépenses d’énergie vitale. Elles sont d’ailleurs mutuellement excluantes, comme on peut le constater : difficile d’être brillant intellectuellement après un très gros repas et à l’inverse difficile de bien digérer en situation de stress. Ensuite, l’énergie vitale disponible est consacrée à l’activité motrice, autrement dit le fonctionnement des muscles de l’organisme. Enfin, l’énergie restante est dédiée au processus de nettoyage et de régénération. Voici ce que nous pouvons ainsi déduire de la loi de dérivation de l’énergie vitale : pour favoriser une fonction spécifique, il faut minimiser la dépense d’énergie vitale dans les autres fonctions, surtout celles qui sont premières en termes de dépense. Ainsi, diminuer la dépense d’énergie dédiée à la digestion, surtout lorsqu’elle est associée à un travail pour diminuer le stress et la charge mentale, va se traduire spontanément par plus d’énergie disponible pour la détoxification et l’élimination. C’est pourquoi la phase la plus importante de détoxification a lieu en fin de nuit : la digestion est terminée depuis longtemps, le mental est au repos et les muscles sont profondément relâchés. Cette loi est d’autant plus importante à connaître pour les personnes fatiguées et disposant de peu d’énergie vitale.
Cet article a été rédigé par Thierry Casasnovas et Estelle Sovanna et il est issu du magazine Régénère n°14 “Détox & Élimination”.