L’alimentation vivante représente le régime qui se compose exclusivement de produits non transformés, autrement dit de produits crus. Elle indique généralement une alimentation végétale, plutôt végétalienne que végétarienne. Elle n’exclut pas la chaleur car les aliments peuvent être chauffés en dessous de 42 °C. Elle porte ce nom car on considère que les produits non transformés par la cuisson sont riches en vitalité et en énergie. In extenso, les personnes qui mangent des produits animaux crus (comme la viande ou les produits laitiers) peuvent également se classer dans la catégorie des personnes qui mangent « vivant », bien qu’on parlera plutôt pour eux « d’instinctothérapie ».
DE QUOI SE COMPOSE UNE ALIMENTATION VIVANTE ?
- Les fruits acides : orange, citron, ananas, kiwi, etc. ;
- Les fruits semi-acides : fraise, cerise, abricot, myrtille, etc. ;
- Les fruits doux : banane, datte, figue, kaki, etc. ;
- Les fruits gras : avocat, durian, olive, noix de coco ;
- Les légumes feuilles : salade, épinard, blette, chou ;
- Les légumes verts : haricot, courgette, fenouil, petits pois ;
- Les légumes fleurs : artichaut, chou-fleur, brocoli, etc. ;
- Les légumes racines : carotte, betterave, panais, chou-rave, etc. ;
- Les légumes tubercules : patate douce, pomme de terre, manioc, etc. ;
- Les jeunes pousses : cresson, pourpier, jeunes épinards, etc. ;
- Les légumes fruits : tomate, poivron, concombre, cucurbitacées, etc. ;
- Les champignons : de Paris, cèpe, morille, pleurote, etc. ;
- Les algues : laitue de mer, wakamé, nori, dulse, etc. ;
- Les noix : de Grenoble, de Pécan, amande, noisette, etc ;
- Les graines : sésame, chia, sarrasin, lin, etc. ;
- Les graines germées : alfalfa, fenugrec, haricot mungo, etc ;
- Les alliacées : oignon, ail, échalote, ciboulette, etc. ;
- Les herbes aromatiques : persil, coriandre, basilic, menthe, etc. ;
- Les épices : gingembre, curcuma, cumin, safran, etc. ;
- Les produits de la ruche : pollen, miel, gelée royale ;
- Toutes les préparations non chauffées au-delà de 42 °C comme les fruits séchés, les produits lactofermentés, les jus de légumes, les smoothies, les laits végétaux, les huiles végétales extra vierges.
L’APPORT EN FIBRES
Les fruits et légumes contiennent des fibres, des chaînes de molécules de sucre plus ou moins longues qu’on appelle aussi polysaccharides. Elles sont résistantes à nos enzymes digestives et ne sont pas absorbées par notre intestin grêle. En plus de jouer le rôle fondamental de balai intestinal, elles sont la nourriture favorite des bactéries intestinales qui composent notre microbiote. Plus l’ingestion de fibres est importante, plus le microbiote est diversifié en micro-organismes, et plus il octroie une bonne immunité et une bonne santé. À titre d’exemple, le microbiote des Hadzabés en Afrique, un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs, est très diversifié. Ils consomment entre 100 à 150 grammes de fibres par jour contre 20 grammes en moyenne pour les Français. De surcroît, la fermentation des fibres par nos bactéries intestinales entraîne la production de composés bénéfiques pour notre organisme tels que les acides gras à chaîne courte et les peptides antimicrobiens. En l’absence de fibres, nos bactéries intestinales se nourrissent du mucus qui recouvre notre barrière intestinale, ce qui peut conduire à l’hyper-perméabilité intestinale aussi appelée l’intestin poreux. La consommation de fibres est donc associée à une bonne santé. Les fibres permettent de limiter le passage du sucre dans le sang et d'éviter des pics de glycémie. C’est pourquoi on recommande de ne pas faire de jus de fruits où les fibres sont retirées.
Parmi ces fibres, on trouve :
- les fibres solubles qui sont solubles dans l’eau. Parmi elles figurent la pectine, l’inuline, les gommes, les glucanes, les mucilages et les alginates. Elles se trouvent dans presque tous les végétaux : les fruits riches en pectine, les légumes, les légumineuses, l’avoine (et particulièrement le son d’avoine), l’orge, le psyllium, les graines de lin et de chia.
- les fibres insolubles qui sont insolubles dans l’eau. Parmi elles, on cite notamment la cellulose, l’hémicellulose et la lignine. Elles se trouvent particulièrement dans la peau des fruits et légumes, dans les céréales complètes (notamment dans le son de blé) les feuilles et les racines, certaines légumineuses (haricots rouges, lentilles, pois chiches),
L’APPORT EN ENZYMES ALIMENTAIRES
Dans son livre, Enzyme nutrition, le Dr Edward Howell est un des premiers à mettre en lumière l’importance des enzymes sur la santé. Les enzymes sont des protéines qui déclenchent une réaction biochimique particulière dans l’organisme. Il existe donc une variété d’enzymes spécifiques qui jouent des rôles différents dans nos processus physiologiques. Le Dr Howell les classe en trois grandes catégories :
- les enzymes métaboliques : chaque organe et tissu a ses propres enzymes métaboliques pour faire un travail spécialisé. Par exemple, des chercheurs ont trouvé 98 enzymes distinctes travaillant dans les artères, chacune avec un travail particulier. Ces travailleurs enzymatiques prennent les protéines, les graisses et des glucides pour élaborer des structures saines, afin que le corps fonctionne pour le mieux.
- les enzymes digestives : elles permettent la digestion des protéines, des glucides et des graisses, en découpant les longues chaînes complexes en éléments simples assimilables. Les protéases sont des enzymes qui digèrent les protéines, les amylases digèrent les glucides et les lipases digèrent les graisses.
- les enzymes alimentaires : ces enzymes aident préalablement à la digestion pour éviter que les enzymes digestives du corps ne portent toute la charge. Elles sont présentes dans les aliments crus comme les célèbres bromélaïne dans l’ananas, la papaïne dans la papaye, etc.
L’alimentation vivante est donc riche en enzymes alimentaires, ce qui n’est pas le cas des aliments cuits, transformés ou pasteurisés : au-delà de 42 °C, les enzymes sont dénaturées. Si les enzymes alimentaires faisaient une partie du travail de digestion en amont, notre potentiel enzymatique ne serait pas défaillant, comme c’est maintenant le cas pour des millions de personnes qui adoptent un régime alimentaire carencé d’enzymes. On peut voir notre potentiel enzymatique comme un compte courant qui pourrait devenir dangereusement déficient, si on ne l’approvisionne pas continuellement. Retrouvez une double page plus complète à l’article suivant.
L’APPORT EN NUTRIMENTS DE QUALITÉ
L’alimentation vivante végétale est source de protéines (algues, spiruline, oléagineux, champignons, graines germées, pollen), de glucides (fruits, les légumes racines, tubercules) et de lipides (oléagineux, avocat, olive, noix de coco) Seuls les aliments non-transformés nous apportent des macronutriments (protéines, glucides, lipides) et des micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments) de qualité. Comme nous l’avons vu, les enzymes sont dénaturées à partir de 42 °C. Les macro et micronutriments sont moins sensibles à la chaleur. Néanmoins, à partir de 60 °C, la vitamine C est détruite et les protéines se dénaturent ; à partir de 90 °C, certaines vitamines du groupe B sont détruites ; au delà de 100 °C, les sels minéraux et les oligo-éléments deviennent difficilement utilisables par l’organisme ; à partir de 110 °C, les vitamines liposolubles (A, D, E et K) sont oxydées ; à partir de 120 °C, les lipides commencent à former des corps toxiques.
L’APPORT EN ANTIOXYDANTS
Les antioxydants sont des molécules qui ralentissent ou empêchent l’oxydation des substances. L’oxydation produit des radicaux libres (appelés aussi « dérivés réactifs de l'oxygène (DRO) » ou « espèces réactives oxygénées ») qui sont responsables du vieillissement cellulaire. Les radicaux libres sont issus de l’activité de nos cellules, ils sont le signe que nous sommes vivants et sont utiles pour certaines activités cellulaires. Mais, en excès, ils favorisent une destruction et une dégénérescence plus rapide. Heureusement, dans les fruits et légumes crus colorés, on trouve beaucoup d’antioxydants capables d’annihiler les conséquences destructrices des radicaux libres. Ceux qui en contiennent le plus sont ceux de couleur rouge (airelle, goji, canneberge, raisin, grenade, fraise, betterave, chou rouge, poivron rouge etc.) et bleu (aronia, baie d’açai, myrtille, mûre, prune, etc.). Parmi les antioxydants majeurs, on cite le glutathion, la vitamine C, la vitamine E, plusieurs enzymes (comme la catalase, la superoxyde dismutase et certaines peroxydases), les polyphénols, les caroténoïdes et les flavonoïdes. L'indice TAC (de l'anglais Total Antioxidant Capacity) indique l'activité antioxydante globale d'un aliment, c'est-à-dire sa capacité à neutraliser les radicaux libres dans l'organisme humain. Plus l'aliment a une valeur TAC élevée, plus il est antioxydant.
L’APPORT EN CHLOROPHYLLE
La chlorophylle est un pigment vert contenu dans les végétaux qui intervient dans la photosynthèse afin de convertir l’énergie lumineuse en matière organique. Elle est donc présente dans les légumes verts comme les épinards, les brocolis, les asperges, les choux, les salades… Elle est aussi appelée « le sang vert » car sa structure est proche de celle de l’hémoglobine qui donne la couleur rouge au sang. Contrairement à l’hémoglobine qui contient du fer, elle est riche en magnésium. Elle a la particularité de libérer de l’oxygène dans notre sang, entraînant une meilleure oxygénation cellulaire et un assainissement du sang, qui à leur tour entraînent une régulation du pH et de la tension artérielle. Mais elle a bien d’autres vertus, notamment sur les intestins, car elle assainit notre tractus intestinal des toxines et micro-organismes indésirables, elle favorise un meilleur péristaltisme. Elle renforce donc notre système immunitaire car notre microbiote intestinal détermine grandement notre immunité. On affirme aussi qu’elle est bénéfique pour le foie, pour la régulation des hormones féminines, pour diminuer les risques de cancer, etc. La chlorophylle résiste mal à la chaleur. Ainsi manger vivant et végétal permet d’apporter suffisamment de ce pigment important.
L’APPORT EN ÉNERGIE VITALE
Les aliments vivants possèdent une grande énergie vitale qui se mesure en unité Bovis (UB) ou ångström (Å). On a longtemps confondu l'unité Bovis et la longueur d'onde de l'énergie émise mesurée en ångström (Å). C'est pourquoi certains auteurs continuent à écrire que plus un aliment est élevé en angströms, plus il contient d’énergie. Comme le dit Robert Morse, naturopathe spécialiste de l’alimentation vivante : « Quand on cueille un aliment dans la nature et qu'on le mange (sans cuisson ni transformation), son énergie est transmise aux cellules du corps ». Par exemple, les fruits crus possèdent une énergie mesurable entre 8 000 à 10 000 UB, les légumes crus entre 8 000 à 9 000 UB, tandis que les légumes cuits seulement entre 4 000 à 6 500 UB contre 1 500 UB pour la farine blanche raffinée et 0 UB pour la viande cuite ! Nous avons besoin de cette énergie vitale pour faire fonctionner notre système nerveux et glandulaire, dont les réserves s’épuisent à défaut de réapprovisionnement. Nos organismes sont aussi mesurables puisqu’un être humain lambda oscille à environ 6 500 UB, une personne malade descend en dessous de 5 500 UB et une personne en très bonne santé monte jusqu’à 9 000 UB et plus. L’ingénieur français André Simoneton, dans ses ouvrages Radiovitalité des aliments et Radiation des aliments : ondes humaine et santé confirme que la valeur énergétique d’un aliment peut aussi être déterminée par son taux vibratoire, plus précisément sa longueur d’onde, exprimée en Å. Touché par la maladie, il retrouve la santé en mangeant des aliments mesurés à la plus haute fréquence vibratoire sur l’échelle de Bovis. Le philosophe Edmond Bordeaux Szekely classe d’ailleurs les aliments en fonction de cette vitalité :
- Les aliments biogéniques sont les aliments qui génèrent la vie : tous les aliments germés (graines, noix, céréales, légumineuses).
- Les aliments bioactifs sont les aliments qui soutiennent la vie : les fruits et les légumes fraîchement cueillis et de qualité crue.
- Les aliments biostatiques sont les aliments qui ralentissent la vie : les aliments cuits ou défraîchis.
- Les aliments biocidiques sont les aliments qui détruisent la vie : tous les aliments transformés, raffinés, irradiés, et/ou avec des additifs chimiques.
PAS DE CUISSON ET DE TRANSFORMATION
Manger des aliments crus non altérés par la cuisson comporte plusieurs avantages. Premièrement, elle permet d’éviter la leucocytose digestive qui est une augmentation des globules blancs dans le sang, l'urine et la lymphe. En 1909, on découvre que la leucocytose débute 1 heure après le repas et atteint son maximum après 3 à 4 heures, et qu’elle varie suivant l’alimentation. Un peu plus tard, des chercheurs constatent que la leucocytose digestive est peu marquée avec un régime végétarien mais intense avec une alimentation carnée. En 1937, le prix Nobel de médecine, Paul Kouchakoff, soutient que la dénaturation de l'alimentation par la cuisson entraîne une réaction immunitaire : l’organisme humain reconnaît les aliments cuits comme des envahisseurs nocifs dont il cherche à se défendre en fabriquant des globules blancs. La leucocytose digestive est pour lui un phénomène pathologique. À l’inverse, ce phénomène n’aurait pas lieu suite à l’ingestion d’un repas composé d’aliments crus. Deuxièmement, nous avons vu qu'au-delà d’une certaine température, il y a une destruction des enzymes alimentaires et des nutriments. Enfin, lors de la cuisson des aliments, on assiste à ce que l’on appelle les réactions de Maillard (appelées aussi glycation) qui sont des réactions chimiques entre les acides aminés et des sucres. Ces réactions provoquent la création de nouvelles molécules appelées les « produits de la réaction de Maillard ». Ces dernières sont responsables du brunissement des aliments et du déploiement des arômes. La réaction de Maillard peut se produire dans tous les types de cuisson, et même à température ambiante. Les réactions de Maillard peuvent donner naissance à des composés cancérigènes comme les acrylamides, les hydrocarbures polycycliques, les amines hétérocycliques, l’HMF.
PAS D’APPORTS EN VIANDE
On sait aujourd’hui qu'une trop grande consommation de viande et une faible consommation de végétaux favorisent la maladie. La consommation de produits riches en purines comme les protéines animales génèrent un sous-produit que le corps élimine par les reins : l’acide urique. Bien que certains fruits de mer et légumes contiennent des purines, ils ne génèrent pas autant d’acide urique que la viande et les abats. En quantité trop importante, il peut s’accumuler et provoquer des troubles comme la goutte, les calculs rénaux, l’arthrite ou encore l’insuffisance rénale chronique. Par ailleurs, les acides aminés soufrés (la cystéine et la méthionine) sont présents en plus grande quantité dans les protéines animales . Or consommer ces acides aminés soufrés en trop grande quantité a été associé à un risque plus élevé de maladies cardiométaboliques et de certains cancers, indépendamment de la quantité totale de protéines consommées. En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a communiqué un rapport¹ se basant sur toutes les données disponibles sur le sujet. Il établit la viande rouge comme « probablement cancérigène pour l’homme », une association qui a été principalement observée pour le cancer colorectal, d’autres associations ayant été observées pour les cancers du pancréas et de la prostate. Les viandes transformées (comme la charcuterie, les nuggets, les saucisses, etc.) sont classées comme « cancérigènes pour l’homme ». Une synthèse suédoise confirme un lien entre consommation de viande rouge et transformée et l’augmentation significative du risque de maladies chroniques². En effet, les viandes transformées contiennent des substances toxiques comme les produits de la réaction de Maillard lors des cuissons hautes températures, les nitrates et nitrites lors du salage, les hydrocarbures aromatiques polycycliques lors du fumage. On note d'ailleurs que dans la diète méditerranéenne, qui est le seul régime reconnu cliniquement comme bénéfique pour la santé, la viande rouge est rarement consommée, et si oui elle n’est jamais transformée. L’alimentation vivante est composée exclusivement de végétaux. Bien que RGNR ne nie pas les bienfaits de l’alimentation vivante, nous n’excluons pas la consommation de viande, car elle peut être nécessaire sur certains terrains. Pas de dogme ici. Dans ce cas, il est fondamental de faire attention à la quantité ingérée, mais aussi à la qualité. Les animaux bien traités, nourris à l’herbe fraîche et exposés au soleil ne donneront pas la même viande que les animaux stressés, élevés en batterie, nourris aux céréales OGM et gavés d’antibiotiques que vous retrouverez dans votre assiette.
¹ Source : https://www.who.int/features/qa/cancer-red-meat/fr
² Source : Potential Health Hazards of Eating Red Meat, 2016 (A. Wolk et al.)
LES LIMITES DE L’ALIMENTATION VIVANTE VÉGÉTALE
Un régime végétal cru possède énormément de vertus, dont le fait qu’il facilite la détoxification et le nettoyage de l’organisme. Pour autant, ce nettoyage nécessaire pour une grande majorité des organismes peut s’avérer excessif pour des terrains en faiblesse qui ont d’abord besoin de reconstruction. Une personne en pléthore avec un bon capital nerveux profitera totalement d’une longue période de détoxification alors qu’une personne déjà maigre, déminéralisée et en faiblesse nerveuse pourrait s’en retrouver encore plus affaiblie. C’est pour ces derniers que l’exclusion totale des produits animaux pourrait s’avérer préjudiciable. En effet, bien plus que le simple apport en protéines qui est systématiquement mis en avant, les produits d’origine animale constituent un apport de matière élaborée, complexe, dense et très riche nutritivement si les animaux ont été élevés dans des conditions naturelles. Nous pouvons considérer que l'animal joue le rôle d'intermédiaire entre la plante et l'humain. L'animal consomme des plantes et construit de la matière vivante structurée, des tissus, qui sont extrêmement similaires aux tissus et à la matière vivante humaine. Beaucoup plus proche des tissus humains dans leur structure que les tissus végétaux. Lors de la digestion des produits animaux nous assisterons à une décomposition en éléments simples mais nous postulons que ces éléments garderont la mémoire de la structure élaborée par l'animal. Ainsi il sera plus facile et demandera moins d'énergie de construire des tissus humains structurés de partir d'éléments issus des tissus animaux que des tissus végétaux. Le travail est déjà fait en quelque sorte. L’animal concentre aussi la matière végétale qu’il consomme. Ainsi un bœuf va brouter des centaines de kilos d’herbe pour élaborer quelques kilos de viande. Les produits denses et gras comme les produits animaux seront considérés comme des aliments de reconstruction tandis que les végétaux chargés d’eau seront plus assimilés à des aliments de nettoyage. Pour finir, le régime végétal cru est difficile à tenir toute l’année sous nos latitudes, particulièrement en hiver où nous avons besoin de produits denses pour nous réchauffer. Il est plus adapté de manger exclusivement végétal et vivant toute l’année dans les pays tropicaux.
PAS D’APPORTS EN PRODUITS LAITIERS ANIMAUX
Les lobbies laitiers nous ont fait croire que consommer des produits laitiers riches en calcium, trois fois par jour, tout au long de notre vie nous permettrait d’avoir des os solides. On retrouve ces produits laitiers sous différentes formes : le lait à boire, le yaourt, le fromage, la crème fraîche, le beurre, les glaces, les g'teaux et desserts… Paradoxalement, on trouve des épidémies de fractures du col du fémur dans les pays qui consomment le plus de laitages, et à l’inverse le taux est faible chez ceux qui en consomment le moins. C’est pourquoi l’OMS parle de « paradoxe du calcium ». Ces produits laitiers seraient même la cause de processus inflammatoires chroniques de type arthritique, articulaire ou tissulaire. En naturopathie, la consommation de produits laitiers est connue pour être fortement mucigène, donc productrice de mucus dans l’organisme, mais aussi acidifiante. Regardons de plus près la composition du lait en général et pourquoi sa consommation peut poser problème.
Le lait contient des protéines comme les caséines (α-s-caséine, β-caséine, Κ-caséine…) et les protéines de petit-lait (α-Lactalbumine, β-lactoglobuline). Pour les caséines par exemple, le lait de vache en contient entre 25 et 30 %, le lait de chèvre environ 23-25 % contre seulement 3-6 % dans le lait maternel. Ces taux importants peuvent être allergisants et entraîner une hyperperméabilité intestinale à l’origine de nombreux phénomènes inflammatoires. Les protéines contenues dans le lait animal étant bien plus importantes que dans le lait maternel, elles provoquent une surcharge en acide urique, un déchet issu de la dégradation de ces protéines et qui est éliminé par les reins. Les produits laitiers sont donc acidifiants. Par ailleurs, les longues chaînes de protéines du lait, comme celles de la β-caséine, peuvent avoir des séquences similaires à des chaînes de protéines qui composent les tissus de notre corps. On appelle cela le « mimétisme moléculaire ». Par exemple, il existe une similitude moléculaire entre la β-caséine et les oligodendrocytes qui composent la gaine de myéline, ou encore entre la β-caséine et de nombreuses cellules de la thyroïde. En conséquence, si les longues chaînes de protéines du lait ne sont pas bien décomposées, si la barrière intestinale est trop perméable, alors les fractions de protéines non digérées vont passer dans la circulation sanguine. Le système immunitaire va alors les détecter comme des intrus et il va se mettre à attaquer aussi les tissus qui leur ressemblent. C’est ainsi que l’on assiste à des maladies auto-immunes, où le corps s'attaque aux constituants normaux de l'organisme.
Le lait contient aussi un sucre complexe : le lactose. À notre naissance, nous possédons une enzyme appelée lactase qui permet de convertir ce sucre complexe en sucres simples. Après le sevrage, cette enzyme chute brutalement et diminue encore tout au long de notre vie. Une diminution de cette enzyme amène à des problèmes de digestion du lactose. On parle donc « d’intolérance » aux produits laitiers (et non « d’allergie » contrairement aux protéines).
Le lait animal, notamment celui de la vache, contient aussi beaucoup plus d’hormones et de facteurs de croissance en comparaison au lait maternel, tels que l’IGF-1 (de l’anglais insulin-like growth factor-1) et la protéine mTor. Ces taux élevés sont normaux pour le veau dont le poids augmente de 150 à 250 kg en un an, mais pas pour le petit humain qui ne grandit pas aussi vite. Sans parler du fait que le lait de vache est extrêmement difficile à digérer pour les bébés, les taux élevés d’IGF-1 chez les enfants entraînent une croissance trop rapide alors qu’ils ne possèdent pas toujours la matière minérale suffisante pour l’élaboration des os solides. Il y a alors un développement du corps qui n’est pas à l’unisson avec le développement du système nerveux. Cela va conduire à des troubles nerveux, à des effets délétères sur le système articulaire, à produire des squelettes fragiles à et des terrains qui vont tendre vers l'ostéoporose plus tard. À l’'ge adulte, ces taux élevés poussent à la prolifération des cellules, ce qui augmente le risque de cancers.
Les produits laitiers contiennent aussi beaucoup de phosphore. Un taux élevé de phosphore dans le sang conduit à la production de PTH, une hormone sécrétée par les parathyroïdes, qui conduit à la libération dans le sang du calcium contenu dans les os. La consommation de produits laitiers conduit donc directement à la décalcification et la déminéralisation.
Ensuite, il est important de préciser qu’il existe plusieurs types de produits laitiers en fonction de leur origine (vache, chèvre, brebis, jument…), leur sous-origine (vaches holstein, vaches jersiaise, vaches afghanes…), la qualité du lait (animaux nourris à l’herbe fraîche ou aux céréales, prise ou non d’antibiotiques…), leur nature (crus, pasteurisés, fermentés…), leur mode de fabrication (fermentation rapide de 2 à 3 heures ou fermentation longue de plus de 24 heures). Autant de différences qui amènent à des résultats tout aussi différents sur la santé.
Or, la majorité des produits laitiers que nous consommons sont pasteurisés, donc chauffés. Le calcium présent dans ce type de lait n’est plus biodisponible, c’est-à-dire qu’il n’est plus facilement absorbable par la muqueuse intestinale, car le chauffage à haute température amène une modification de la charge électromagnétique des particules et des minéraux qui constituent le lait. On retrouve le plus souvent dans les assiettes des Français du lait de vaches élevées en batterie, nourries aux céréales et aux antibiotiques. De surcroît, il existe des différences entre le lait des vaches traditionnelles appelées A2 et celui des vaches modernes appelées A1 : il y a une différence sur le 67e acide aminé de la chaîne de protéine β-caséine qu’on appelle la proline pour les vaches traditionnelles et qu’on appelle l'histidine pour les vaches modernes. Cette différence amène une libération plus importante de la molécule BCM-7 par les vaches A1, connue pour être neurotoxique3. Par ailleurs, beaucoup de mamans et d’adultes observent que le lait de vache est beaucoup moins bien toléré que le lait de chèvre ou de brebis. Enfin, les produits laitiers qui subissent une fermentation traditionnelle de minimum 24 heures sont beaucoup plus digestes puisque les bactéries issues de la fermentation réalisent une pré-digestion des longues chaînes de protéines ainsi que la transformation du lactose en acide lactique.
3 Source : Impact of Milk Derived β-Casomorphins on Physiological Functions and Trends in Research: A Review, 2014 (Dr Mohammad Raies Ul Haq et al.) / Polymorphism of bovine beta-casein and its potential effect on human health, 2007 (Stanisław Kamiński et al.)
CONSOMMATION RAISONNÉE ET DE QUALITÉ DES PRODUITS LAITIERS
Le dentiste Weston Price a voyagé pendant près de 10 ans dans les coins reculés du monde pour étudier la santé de peuples qui n’avaient pas été dénaturés par le contact avec la civilisation occidentale. Dans son livre Nutrition et Dégénérescence Physique, il explique que les peuples natifs qui conservaient leur mode alimentaire traditionnel riche en nutriments essentiels avaient des dents en parfaite santé, des physiques harmonieux, la résistance aux maladies et un bon équilibre psychique. Ces peuples consomment des produits et sous-produits animaux comme le lait. La différence, c’est qu’ils les consomment de qualité crue ou fermentés, et issus d’animaux nourris dans les p'turages. Consommer avec modération, certains produits laitiers ne provoquent ni allergie, ni intolérance. On peut citer par exemple le beurre qui ne contient plus de lactose et presque plus de caséine, ou encore le fromage affiné au lait cru garanti sans résidus de synthèse (résidus issus de traitements qu'a reçu l’animal par la peau, par injection ou par ajout alimentaire).
PAS D’APPORTS EN CÉRÉALES (SAUF GERMÉES)
Le problème majeur des céréales, c’est qu’elles sont constituées de très nombreuses et longues chaînes de sucre (polysaccharides), difficiles à digérer. Leur consommation mobilise une grande partie de notre énergie et puise une grande partie de notre capital enzymatique. C’est pourquoi les céréales sont indigestes crues, mais consommables cuites car la cuisson décompose une partie des chaînes de sucres. Or nous l’avons vu : la cuisson altère les nutriments. Les personnes fatiguées dont l’énergie et l’activité enzymatique sont faibles auront beaucoup de mal à décomposer ces chaînes de sucre qui vont stagner dans leurs intestins. Ces chaînes de sucres non décomposées favorisent la fermentation. Les fibres de fruits et légumes sont aussi de longues chaînes de sucre qui sont pourtant décrites comme bénéfiques pour nos bactéries intestinales. Pourquoi les polysaccharides issus des fruits et légumes sont considérés comme bénéfiques et ceux issus des céréales comme non favorables ? Les polysaccharides des fruits et légumes, qui sont les fameuses fibres, sont des chaînes de sucre beaucoup plus longues que celles de céréales, notre corps ne sait donc pas les digérer, elles servent uniquement à nourrir nos bactéries intestinales et à servir de balai intestinal. À l’inverse, les sucres complexes des céréales, qui sont les fameux amidons, sont des chaînes de sucre beaucoup moins longues, notre corps possède des enzymes pour les digérer : les amylases. Néanmoins, les fruits et légumes contiennent peu de sucres complexes (fibres), le reste étant beaucoup de sucres simples. À l’opposé, les céréales ne sont composées que de sucres complexes (amidons), elles en contiennent donc énormément à digérer. Or cela nous demande une activité enzymatique très importante qui dépasse souvent notre capacité : nous ne sommes pas équipés pour manger beaucoup de céréales, surtout si elles sont crues.
Une autre problématique rencontrée, c’est la présence de gluten dans beaucoup de céréales (blé, orge, avoine, seigle, triticale, etc.). Les céréales modernes comme les nouveaux blés ont été sélectionnées pour leur haute teneur en gluten car cela favorise l’élasticité de la p'te et la levée du pain. Le gluten est un terme dérivé du latin signifiant « colle, glu, gomme ». Il favorise ainsi la présence de colles dans nos intestins ! Le gluten est une chaîne de protéines qui, lorsqu’elle est mal décomposée, peut passer à travers la barrière intestinale et atteindre notre sang. En effet, à l’inverse des chaines de sucre mal décomposées, les chaînes de protéines mal décomposées sont assez petites pour franchir la fine couche de cellules épithéliales qui constitue notre barrière intestinale. Elles sont donc à l’origine de nombreuses allergies courantes : allergie à la caséine (protéine du lait), allergie à l’ovalbumine (protéine de l'œuf), allergie au gluten (protéine de certaines céréales), allergie aux cacahuètes (protéine de l’arachide), etc. Ces passages de protéines non digérées dans le sang sont à l’origine de nombreuses maladies auto-immunes selon le principe du mimétisme moléculaire : notre système immunitaire détecte ces chaînes de protéines étrangères et attaque nos propres tissus qui ont des similitudes avec elles. On constate que l’ingestion de gluten diminue la présence de nos villosités intestinales qui sont essentielles pour absorber au mieux les nutriments de nos aliments. Cette destruction des villosités conduit logiquement à des symptômes de carences importantes et de fatigue chronique qui sont caractéristiques de la maladie du gluten appelée « la maladie coeliaque ». L’hypothèse de Thierry sur cette disparition des villosités suite à la consommation de gluten est simple : le corps met en place une stratégie pour nous préserver du passage des protéines non digérées dans la circulation sanguine en diminuant l’activité des villosités. Une fois que le gluten est banni, les villosités reviennent. Relevons que les céréales anciennes ne provoquaient pas d’allergie particulière malgré la présence de gluten.
En alimentation vivante et végétale, les céréales sont consommées uniquement si elles sont germées, c’est-à-dire sorties de leur dormance avec le développement d’un germe. Lorsque les céréales germent, elles commencent naturellement un travail de décomposition des longues chaînes de sucre et de protéines, tout en augmentant leur teneur en micronutriments et en énergie électromagnétique. Les céréales germées ne contiennent d’ailleurs quasiment plus d’anti-nutriments et d’inhibiteurs d’enzymes. Leur consommation est donc très intéressante.
Cet article a été rédigé par Estelle Sovanna et il est issu du magazine Régénère n°15 "L'alimentation physiologique".