LA VACCINATION AURAIT-ELLE UNE DIMENSION MYTHOLOGIQUE ?
Anthropologue, historien et philosophe français, René Girard est élu à l’Académie française en 2005. Au fil de ses œuvres et de sa pensée, il a cherché à fonder une nouvelle anthropologie de la violence et du religieux, en concentrant son analyse sur les concepts de mimétisme (du désir, puis du conflit) et des mythes créés par l’Homme pour canaliser sa violence. Ainsi, René Girard a mis en lumière des constantes observées dans différents mythes fondateurs.
La journaliste indépendante Pryska Ducoeurjoly nous pose une question intéressante : la vaccination ferait-elle partie de nos mythes fondateurs ? Elle répond à la question dans un excellent article, Le grand mythe de la vaccination, dont nous partageons un résumé avec son accord.
En 1972, au terme de 10 années de recherche, René Girard publie La violence et le sacré. Le point de départ, théorisé par l’auteur, c’est le concept de mimétisme conflictuel : l’Homme veut ce que son voisin possède. Ces conflits engendrent inévitablement de la violence, et entraînent la création de mythes et de rites – notamment sacrificiels – pour réguler cette violence sociale et stabiliser les sociétés. La création et la pérennisation de ces mythes reposent sur plusieurs critères, et Pryska Ducoeurjoly a appliqué cette grille de lecture girardienne à la vaccination. Elle en retire douze parallèles.
N°1 : LA SCIENCE VACCINALE, UNE VACHE SACRÉE
Quand elle était Ministre de la Santé, Marisol Touraine avait eu cette formule désormais célèbre : « la vaccination, ça ne se discute pas ». Cette envolée résume à elle seule l’impossibilité de discuter sereinement du sujet, depuis des décennies. Comme si la vaccination était quelque chose de sacré : on n’y touche pas, blasphème interdit, même sous couvert de liberté d’expression ou de déontologie journalistique. Tous les mythes présentent une dimension dogmatique, protégée par des gardiens du temple, et à ce titre, le fait vaccinal trouve ici un premier parallèle. L’expression “vache sacrée”, terme d’origine occidentale pour nommer le phénomène de zoolâtrie religieuse à l’égard des bovins, en particulier en Inde, est d’autant plus appropriée que la vaccination commence par une maladie de vache, à la fin du XVIIIe siècle, la vaccine. Le mot «vaccine» est d’ailleurs dérivé du latin vacca, qui signifie «vache».
N°2 : DES GRANDS PRÊTRES À ÉCOUTER
Par essence, le geste vaccinal est contre-intuitif, puisque de façon classique, il consiste à injecter à des individus bien portants un virus atténué, et ce, pour leur bien. Le croire requiert un certain niveau de confiance, voire de foi. Et comme la théorie qui sous-tend le geste vaccinal est complexe, le peuple ignorant n’a d’autre choix que de s’en remettre à de nouveaux grands prêtres en blouse blanche, qui prêtent serment sur le Vidal, et défendent l’héritage du grand Pasteur. À défaut de comprendre, il faut croire. Mais à l’heure d’internet, le monopole du savoir s’effrite et d’autres sachants, pas d’accord avec les premiers, ont accès à la parole publique pour remettre le mythe en question.
N°3 : DES RÉCITS TERRIFIANTS
Pour conserver l’adhésion d’un groupe social à un mythe, ses grands prêtres n’hésitent pas à rappeler le péril qui peut exister en dehors du mythe. À ce titre, le registre émotionnel est un ressort rhétorique essentiel dans la transmission des mythes. Il n’est donc pas rare que les médias relatent le décès de ces enfants, morts d’une maladie qu’on croyait oubliée : diphtérie, tétanos, rougeole, etc. Avec en filigrane, le message à peine subliminal qu’il faut absolument poursuivre l’effort vaccinal. Aussi dramatiques soient-ils pour les familles, ces décès dont on fait le récit n’ont aucune valeur scientifique et ne peuvent pas justifier le recours à une vaccination de masse.
N°4 : UN BOUC ÉMISSAIRE
C’est un ciment très solide pour un groupe social et ses mythes fondateurs : l’ennemi commun. L’ouvrage Le Bouc émissaire de René Girard (1982) détaille ce concept essentiel aux mythes. Comme Eric Ancelet l’a abordé précédemment, l’urbanisation massive et les mauvaises conditions d’hygiène ont favorisé l’apparition des premiers foyers épidémiques. Et nous verrons plus tard dans ce magazine qu’il a suffi que les conditions de vie s’améliorent au cours du XIXe siècle pour que la mortalité recule significativement. Quand les premiers vaccins arrivent, il est plus facile de leur en attribuer le mérite, plutôt que de faire la critique de ce capitalisme sauvage, vecteur de pauvreté et d’insalubrité. Les boucs émissaires à combattre sont alors tout trouvés : les virus.
N°5 : LE PHARMAKOS
René Girard montre que les héros mythologiques sont toujours au départ des boucs émissaires lynchés par la foule. Ces lynchages ramènent la paix et la victime est divinisée. C’est ce qu’il appelle le pharmakos, qui en grec ancien désigne « celui qu’on immole en expiation des fautes d’un autre », mais aussi « remède » ou « poison ». Ce pharmakos est la victime originelle divinisée dont on ressuscite le pouvoir guérisseur via un rite, forcément sacrificiel. Nous l’avons vu dans le point précédent, si le virus est le bouc émissaire, source de tous les maux, alors il devient la victime divinisée, la solution miracle. Le vaccin s’incarne alors parfaitement dans le pharmakos, le poison qui sauve, le mal qui guérit dans une pharmacologie moderne.
N°6 : LA PEUR PRIMAIRE DES GRANDS FLÉAUX
C’est un autre ressort des grands mythes : le châtiment réservé aux ignorants qui s’éloigneraient du mythe. De nos jours, en Occident, il est rarissime de mourir d’une maladie infantile. Et pourtant, les défenseurs de la vaccination promettent que les maladies du passé peuvent ressurgir si la couverture vaccinale diminue. Comme si le vaccin était le seul salut contre les fléaux épidémiques qui nous guettent.
N°7 : DES IMPÉRATIFS MORAUX
Le mythe s’accompagne toujours d’impératifs moraux. En effet, s’il est bon et salutaire pour le plus grand nombre, il serait immoral et égoïste de le remettre en cause. Il suffit de voir quel sort est réservé à tous ceux, même d’éminents professionnels de santé, qui osent braver l’interdit religieux, en questionnant la légitimité vaccinale : ils subissent cabales médiatiques, avertissements, voire mise au ban de l’Ordre professionnel. Dans sa dimension religieuse, le mythe est aussi rappelé et conforté au travers de rituels, accomplis selon un calendrier bien précis. Comment ne pas y voir un parallèle avec le calendrier vaccinal, un rituel sanitaire qui tel un baptême républicain, démarre dès les premiers jours de la vie ?
N°8 : DES SACRIFICES NÉCESSAIRES
« Le sacrifice est l’institution primordiale de la culture humaine » constate René Girard. Dans les mythes antiques, il était courant que des êtres humains soient sacrifiés pour préserver la vie de la majorité. Les motifs pouvaient être purement mystiques (apaiser le courroux des esprits) ou sociaux (à l’instar des corps vils, vus dans l’article précédent). Il n’est donc pas étonnant que les victimes de la vaccination soient ignorées ou au mieux minimisées. Une juste cause exige des sacrifices, la santé de la majorité vaut bien les effets secondaires d’une minorité. L’intérêt du groupe prime sur celui des individus.
N°9 : DES PERSÉCUTEURS QUI S’IGNORENT
L’aveuglement du bourreau sur sa propre condition est une composante essentielle du mythe. Cette cécité confortable évite les frais d’une remise en question, ce qui faisait dire à René Girard que « le refus du réel est le dogme numéro un de notre temps (…), la perpétuation de l’illusion mythique originelle ». C’est ainsi que notre système de santé se pare avec sincérité des causes les plus louables, dans le déni collectif de sa soumission aux grands laboratoires pharmaceutiques.
N°10 : CULTE ET SCIENCE OCCULTE
Derrière les mythes fondateurs glorieux, il y a souvent des coulisses peu séduisantes. Le cas de Louis Pasteur en est un exemple parlant. Aujourd’hui, sous couvert de secret industriel, les fabricants de vaccins taisent des pratiques parfois aux limites de l’éthique et de la rigueur scientifique : placebos à base d’adjuvants, absence d’études de cancérogenèse, mutagenèse et génotoxicité, biais méthodologiques, produits vaccinaux contaminés, etc.
N°11 : UN MEURTRE FONDATEUR CACHÉ
René Girard postule que tout mythe trouve son point de départ dans un meurtre fondateur, un lynchage originel dont il a fallu parfois effacer les traces et convaincre les Hommes qu’il n’a jamais existé. En considérant le fait vaccinal à l’aune du mythe, ce meurtre fondateur caché trouve un écho particulier avec les nombreuses victimes des expériences empiriques de Pasteur. Si le décès d’un enfant de 12 ans suite à sa vaccination avait fait grand bruit à l’époque, 74 autres victimes de la méthode Pasteur contre la rage ont été gardées sous silence (source : Les 10 plus gros mensonges sur les vaccins de Sylvie Simon, édité chez Dangles en 2005).
N°12 : DES CONFLITS SOCIAUX CANALISÉS
Les mythes sont des facteurs de cohésion sociale, car ils emportent l’adhésion du plus grand nombre. Considérer que la vaccinologie remplit la même mission nécessite de revenir au contexte historique de son apparition. À la fin du XIXe siècle, le vivre ensemble est menacé par l’individualisme émergent, la promiscuité urbaine, l’insalubrité et par les épidémies qu’elle favorise. La vaccination favorise la préservation des liens humains, à travers l’immunité du troupeau (herd immunity) face au nouvel ennemi commun ou bouc émissaire : les virus.
Ce résumé de cette analyse originale de Pryska Ducoeurjoly le montre bien : le fait vaccinal et le fait religieux entretiennent de nombreux points communs. Trop pour ne pas se poser la question de fond : la théorie vaccinale ne tient-elle pas davantage du mythe que de la science ? Ceci expliquerait alors aussi la violence “légitime” inouïe qui peut être déversée sur toute personne ou institution qui ose questionner le dogme. A-t-elle vraiment toutes les vertus que lui accordent ses défenseurs ? Nous allons y répondre au fil de ce magazine.
Retrouvez la version intégrale et bien plus développée de l’article Le grand mythe de la vaccination sur le site internet de Pryska Ducoeurjoly : http://pryskaducoeurjoly.com, onglet “Vaccins”